Information

        


Suite a la tragedie du World Trade Center et des attaques que les americains ont subi hier, j'ai voulu ajouter cette page pour marquer cette date dans ma memoire, dans les memoires de tous ceux qui comme moi ont pris conscience cet acte d'alliene.

Le Pentagone après l'attaque terroriste du 11 septembre | ReutersPaysage apocalyptique après l'attentat du World Trade Center | AFPAFP

A lire les éditoriaux étrangers, il ressort que la face politique du monde a changé depuis les attaques perpétrées contre les centres nerveux de New York et Washington, mardi 11 septembre 2001. Cette date est considérée comme le jalon d'une nouvelle ère, celle où le terrorisme international est devenu une arme de guerre planétaire, susceptible de frapper n'importe où. La peur, elle aussi, semble avoir gagné la planète en direct, à la télévision ou sur le Net. C'est tout "le monde libre qui est entré en guerre". Les éditorialistes du monde entier se partagent cependant en plusieurs camps : les plus "belliqueux" considèrent que ces attaques, si elles sont revendiquées de l'étranger, constituent des actes de guerre auxquels il faut répondre par la force ; les "pacifistes", plus nombreux, opposent le bras de la justice à la violence aveugle et injuste des représailles. Lesquels d'entre eux seront entendus ?

Une chose est sure, c'est que des milliers d'innocents ce mardi ont perdu la vie a cause d'une ideologie, et de ce pourquoi les hommes ont toujours su trouver raison de se dechirer: la RELIGION et sa reconnaissance.

Je suis athee, sans aucune conviction religieuse et fiere de n'avoir jamais eu besoin de cette derniere pour trouver mon chemin.

Vivre sans elle c'est vivre sa vie et non suivre un courant de pensees qui comme ici a pousser l'homme a la demesure.

A bon entendeur...

 

Ces témoignages de deux jeunes étudiantes françaises qui se trouvaient à Manhattan mardi nous sont parvenus par e-mail. Florence Caro et Yannicke Chupin étaient proches du World Trade Center, comme beaucoup de New Yorkais, quand la première tout s'est effondrée. Elles se sont enfuies, ont été rattrapées par le nuage de cendres et de poussière. Elles ont cru y rester. Elles parlent de chance. Elles expliquent qu'elles ont «besoin» de parler comme pour s'échapper une seconde fois.

Yannicke Chupin
Mardi matin, j'étais sur Lower East Side, sur Clinton Street, lorsque j'ai vu que les deux tours étaient en feu, il était 9h25. Comme beaucoup de curieux, interloquée par l'événement, j'ai voulu m'approcher. Toutes les rues downtown étaient bondées de gens observant l'incroyable scène. Je suis arrivée à Fulton Street et j'ai décidé d'avancer vers Broadway. Tout le monde voulait voir, de plus près. C'était tellement abominable et incroyable. On pensait aux personnes qui étaient enfermées dans les tours. Des objets tombaient des immeubles, des pans de murs, des papiers flottant lentement. Pas un seul moment je n'ai pensé que ces tours pouvaient s'éffondrer. C'était au delà de mon imagination. C'est pourquoi, inconsciente et stupide, je ne voyais pas le danger qu'il y avait à continuer à avancer. En arrivant sur Broadway, je suis tombée sur une barrière de policiers mais curieusement ils ne m'ont pas vue passer et j'ai ai donc continué. Je voulais rejoindre un ami qui travaillait dans une rue voisine. Une masse de gens arrivaient dans l'autre sens et se dirigeaient vers Fulton Street dans l'autre sens. C'est après avoir fait deux mètres sur Broadway en direction du Sud que j'ai entendu un policier crier quelque chose comme «Something else is coming!» J'ai levé les yeux, d'abord il n'y avait rien, sinon ces flammes qui prenaient davantage d'ampleur et descendaient peu à peu. J'ai commencé à revenir sur mes pas, tout de meme inquiète. Cinq secondes après, c'était le chaos. J'ai vu le premier quart de la tour, peut-être trente étages se décrocher et tomber droit sur nous. Les gens criaient, criaient comme des fous. Des hommes criaient «run run!» Moi j'ai couru aussi vite que je pouvais mais mes jambes ne me portaient plus, tout le monde me dépassait, je hurlais, je me suis retournée et à 20 mètres derrière moi, j'ai vu une masse noire énorme engouffrant les gens derrière. Un homme à côté de moi a crié «turn left!» J'ai tourné et quelques secondes après, en un éclair de temps, je me suis retrouvée dans le noir le plus complet, je ne voyais plus rien, on aurait dit un grand champ complètement vide et noir. J'ai continué à avancer et avancer dans le noir et peu à peu, la fumée a commencé à désepaissir. Puis je me suis vue, j'étais couverte de blanc, de la tête au pied. Des cendres, de la poussière. Je ne suis pas retournée, je me suis dirigée vers Lower east side pour retrouver des amis qui avaient un appartement dans le quartier. Au moment, où j'arrivais, la deuxième tour était en train de s'effondrer.

Florence Caro
J'ai vécu un enfer mardi, mais je n'ai rien. Je suis juste très choquée et j'ai besoin «d'évacuer». Je pense que j'ai eu de la chance. Pas eux.
Figurez-vous que ce matin-là, avant d'aller à Columbia j'avais exceptionnellement rendez-vous à 9h30 à Broadway and Chambers, intersection a deux blocks du World Trade Center Je suis un peu en avance. En sortant du métro à City Hall, je remarque bien que la seule tour que je peux voir des deux est en feu, tout le monde est dans la rue, le nez levé. Je me dis «tiens, un incendie» et tranquillement je prends des photos de tout ça, parce que c'était vraiment très impressionnant tout en bas. Personne autour de moi ne savait ce qu'il s'était passé. Je me rapproche du WTC pour arriver à mon lieu de rendez-vous. Ce building en feu est très impressionnant. Ca m'intrigue. Et que je me rapproche pour n'être plus qu'à un block. A ce moment-la il n'y avait encore aucun cordon de sécurité et très peu de policiers pour évacuer le quartier. Je me rapproche appareil en main, inconsciente du danger, comme des centaines de personnes inondant les rues, les yeux rivés sur la Twin tower en feu. Je sais bien maintenant que ce n'était pas prudent, mais ni moi ni tous ces gens ne sentions le danger, nous n'avions pas d'explications et les pompiers semblaient a l'oeuvre. Comment s'imaginer qu'on est en train de vivre un film ? Que le pire est en train de se produire ? Je mitraille avec mon appareil. Et là, un bruit et une odeur que je n'oublierai jamais. Un grand bruit sourd, compact, derrière moi, comme si on venait d'abattre une immense bache sur la ville. J'ai un mauvais pressentiment, je me retourne, et je vois l'enfer.
Toute ma vie je me souviendrai de ce nuage noir, palpable, presque solide, éructant des bouts de métal en feu (j'en ai vu tomber sur moi !), des choses carbonisées, et des papiers, des papiers à moitie calcinés ou encore en feu, partout. Je vais donner une mauvaise image mais qui reflete ce qu'on voyait : ce nuage s'est comme posé sur Broadway, derrière nous, et il a commencé à avancer vers nous, à se propager, avec tous les projectiles fumants, comme la boule dans le tunnel d'Indiana Jones. La panique. On s'est tous mis courir vers le nord, mais la fumée et les projectiles gagnaient du terrain. L'homme qui courait à coté de moi a poussé un cri et j'ai vu son bras en sang. Une femme derrière moi criait «oh my god, my hair is burning !» Je serrais mon ordinateur portable contre moi, trop chargée, essayant de courir le plus vite possible. J'ai vu un homme étendu par terre, avec un autre homme qui se disait docteur en train de dire «it's over». Dans le mouvement la foule m'a poussé vers un hall d'immeuble et je me suis retrouvée dans cinq mètres carrés, coincée entre une femme noire qui hurlait et un homme indien qui priait, pleurant en silence. La fumée, acre, rentrait par dessous la porte. Je leur ai dit qu'il ne fallait pas rester là, qu'on allait être asphyxiés, qu'il fallait sortir et courir, et c'est ce que j'ai fait.
Courir de toutes mes forces pour respirer à l'air libre, plus loin, bien plus loin. Là, la dame à coté de moi se met a faire une crise d'asthme, elle respirait très difficilement et, d'un coup, s'est s'effondrée. J'essaie de la relever mais rien à faire. La panique, et tous les gens qui poussent derrière, qui hurlent. L'hystérie collective. Je continue, je me dis que je vais finir par lâcher le portable, tant pis, je ne vais bientôt plus pouvoir respirer et des parties enflammées, des bouts de tôles, des bouts de verre, tombent toujours, et je vois toujours du sang autour de moi. Ce qui a dû être des minutes m'a semblé des heures.
J'ai garde mon sang-froid, je n'aurais pas cru ça. Peu à peu j'ai entendu que des choses tombaient toujours mais derrière moi, et je respirais de mieux en mieux. On était saufs. Pas de métro, pas de bus, pas de cab, rien que ses pieds pour rentrer. 2h30 pour retourner à l'appartement. Les rues inondées de gens couverts de cette poussière grasse et grise qui nous a submergés. 2h30 de marche la tête complètement vide, les yeux hagards, increédule : que s'était-il passé ?
Et une fois arrivée, la TV pour comprendre, enfin. Le drame. La découverte de l'histoire qui s'est écrite là, alors qu'on ne s'y attend pas, alors qu'on croit que tout ça c'est dans les films et que la vraie vie c'est plus plat. Le choc. Tout a laché. Plus de jambes, les larmes qui coulent sans s'arrêter, les mains qui tremblent, la peur rétrospective. Et un immense besoin de parler, raconter, évacuer tout ça. C'est après l'épreuve en fait qu'on réalise ce qu'on a traversé, et ça m'a terrifiée. Cette ampleur, ces conséquences, Je n'ai rien pu faire de l'après-midi. Et aucune envie de sortir de l'appartement. J'etais scotchée devant le poste de TV. J'ai mis du temps à comprendre que j'avais été prise en plein écroulement de la seconde tour. Depuis je regarde ces images à la télévision pour la centième fois, ces images de ce que j'ai vécu, comme pour l'intégrer et faire correspondre ces interminables minutes d'horreur avec la catastrophe mondiale que les programmes commentent. Je n'oublierai jamais.
Voilà, j'avais besoin de le dire. Nous sommes le lendemain matin, même heure, et je sors d'une nuit plutot agitée et peuplée de fumée et de cris. C'est un peu difficile d'avoir traversé cette épreuve et d'être seule là-bas, sans toit fixe, pas chez soi avec les siens autour de soi, dans un pays qui a tout d'un état de guerre. Les sirènes hululent continuellement, des avions de chasse de l'US Air Force sillonnent le ciel, on nous dit qu'on vient de vivre un autre Pearl Harbor et que c'est une déclaration de guerre. Je me sens loin. Mais ça va aller, je vais avancer et me répéter que, contre toute attente, j'ai eu de la chance mardi matin.